Studiolo 1-2002, Anne-Lise DESMAS, Pierre de L'Estache (1688 ca. - 1774)

catalogue

chronologie

annexes

fortune critique

abréviations

bibliographie


3

Vénus Callipyge

1722-1723

copie de statue antique

marbre ; [H : 1,50 m]

détruite [Dresde]

 

4

Mercure

1722-1723

copie de statue antique

marbre ; [H : 1,50 m]

détruite [Dresde]

œuvres en rapport :

Vénus Callipyge

copie d'un original hellénistique

statue

marbre ; H : 1,52 m

Naples, musée national

Mercure

fin du IVe siècle av. J.-C.

statue

marbre ; H : 1,55 m

Florence, musée des Offices

            Thioly, envoyé de Pologne à Rome pour des affaires politiques, écrivit le 12 juillet 1721 à Auguste le Fort pour lui annoncer que le directeur de l'Académie de France avait pu lui proposer un sculpteur capable de réaliser des copies de statues antiques [annexe V/A, lettre du 12 juillet 1721]. Les œuvres que Poerson conseillait alors de faire exécuter pour le roi par Pierre de L'Estache comptaient uniquement le Silène avec Bacchus enfant, l'Empereur Commode en Hercule et l'Antinoüs [annexe V/A, mémoire de Poerson de juillet 1721]. Mais après avoir été informé du désir du roi de faire copier des statues qui puissent se faire pendant, le sculpteur proposa la Vénus Callipyge et le Mercure en attendant que soit choisie une œuvre symétrique à l'Antinoüs : une statue de l'empereur Hadrien « dont il étoit favory » pouvait servir de pendant « mais cette figure est habillée et le rapport ne seroit qu'historique » [annexe V/A, réponses du 13 septembre 1721 au questionnaire du roi]. En octobre 1721, Auguste le Fort se détermina finalement pour la commande du Silène avec Bacchus enfant [cat. 5], de l'Empereur Commode en Hercule [cat. 6], de la Vénus Callipyge et du Mercure [annexe V/A, décision du roi du 6 octobre 1721].

            Le sculpteur, envoyé en France par d'Antin à l'automne 1721, ne fut de retour à Rome qu'en juin de l'année suivante, avec l'autorisation du surintendant de loger à l'Académie et de bénéficier d'un atelier pour travailler au service d'Auguste le Fort. Le 22 décembre 1722, Poerson écrivait à d'Antin : « [L'Estache] a desjà commencé à copier deux figures d'après l'antique, l'une représentant la Vénus et l'autre Mercure, toutes deux de marbre. Il a touché six cents écus romains de la part du roy de Pologne » (C.D., VI, p. 207). Le 6 juillet 1723 le sculpteur avait « fort avancé » les deux grands marbres (C.D., VI, p. 259). Les œuvres furent probablement terminées à l'hiver ; lors de la commande, le sculpteur avait fixé la durée de leur réalisation à un an et leur prix à la somme non négligeable de huit cents écus romains, blocs de marbre compris [annexe V/A, réponses du 13 septembre 1721 au questionnaire du roi].

            L’Académie de France à Rome possédait dans ses collections des moulages des deux statues antiques (C.D., I, p. 129, 130, VI, p. 442, VII, p. 335, 336).La Vénus Callipyge appartenait depuis le XVIe siècle à la collection Farnèse, présentée jusque vers 1750 dans le palais romain à l'intérieur de la salle des philosophes. Des copies en marbre par Clérion et Barois avaient été réalisées pour Louis XIV et se trouvaient à Versailles et Marly (Haskell, Penny, 1984, cat. 86). Le Mercure exposé au début du XVIe siècle dans la cour du Belvédère mais transporté à Florence dans les années 1650, était surtout connu à Rome par la copie en bronze de la même collection Farnèse qui servit sans doute de modèle pour la version sculptée en 1684-1685 par Barthélémy de Mélo et destinée à orner le parc de Versailles (Haskell, Penny, 1984, cat. 61).

            Les deux statues réalisées par Pierre de L’Estache sont décrites dans un inventaire des collections royales polonaises de 1728 ; elles se trouvaient alors, comme de nombreuses copies d'antiques, dans le Grosser Garten, cet énorme jardin à l'est du centre historique de Dresde (Heres, 1990, p. 149-150). Leur emplacement exact n'est pas précisé, mais les deux marbres devaient se faire pendant.

            La Saxe subit au cours de la Guerre de Sept ans de graves dommages et l'armée prussienne, qui envahit Dresde en 1760, causa de nombreuses destructions. Un inventaire dressé en 1765 décrit la Vénus comme trop ruinée pour être restaurée (« Sehr ruinirt, und nur mit vielen Kosten zu repariren ») et le Mercure comme complètement brisé (« gantz ruinirt ») (Heres, 1990, p. 150).

            Un torse féminin en marbre [cat. 57] conservé à Dresde dans les réserves de l'Albertinum a été identifié par Gerald Heres (1990, p. 150) comme un fragment de la Vénus Callipyge copiée par Pierre de L'Estache, attribution que nous rejetons.

bibliographie :

Lami, 1911, II, p. 77.

Enggass, 1976, I, p. 213.

Heres, 1990, p. 149-152.

Heres, 1991, p. 178.

sources :

1721-1722, correspondance du comte de Wackerbarth à Dresde avec l'envoyé Thioly à Rome [annexe V/A].

1722, 22 décembre, lettre de Poerson à d'Antin (C.D., VI, p. 207).

1723, 6 juillet, de Poerson à d'Antin (C.D., VI, p. 259).